Vivre à contre-courant, la lutte incessante des enfants placés
L’actualité des personnes placées à l’ASE ou l’ayant été est vive en ce moment.
Paris, le 15 avril 2024 – SD
D’abord, un livre. Celui de Florent Georgesco, journaliste au Monde, qui retrace au plus près la vie chaotique de Tricia, Audrey, Jimmy, Schouka ou encore Souleymane. A travers leurs témoignages dont il partage quelques grandes lignes dans son journal, il explore le ‘miracle’ qui a permis à ces enfants de s’en sortir. Même si les parcours exemplaires existent, il est important de souligner qu’il s’agit le plus souvent d’un ‘miracle’, pour reprendre le mot du Monde, c’est à dire que cela ne peut malheureusement pas être considéré comme le résultat d’un travail de protection de qualité.
- Voir l’article du Monde ici : « Une chose est d’échapper à la maladie psychique, la violence, l’errance, une autre de décider de son avenir » : portraits d’enfants placés qui ont déjoué le destin
- « Vies imprévues. Enfants placés, ils ont déjoué le destin », un livre de Florent Georgesco, publié chez Grasset
Toujours dans Le Monde, une enquête intéressante sur la grande difficulté d’accéder aux études pour les jeunes placés. Encore un combat à mener, et celui-ci est rude et injuste. En effet, beaucoup d’adolescents passés par l’ASE se retrouvent sans protection entre leurs 18 et leurs 21 ans, âge couperet signant la fin de l’accompagnement par l’institution. Soumis à des parcours fracturés, ils représentent plus d’un tiers des jeunes qui vivent dans la rue.
- Voir l’enquête du Monde ici : Le drame des enfants placés lâchés à leur majorité : « T’es qu’une enfant de l’aide sociale à l’enfance, arrête de viser trop loin »
Ailleurs, dans le Média Social, on peut suivre l’actualité de la commission d’enquête parlementaire qui est en cours en ce printemps 2024, et qui se penche sur l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Les anciens enfants placés se mobilisent pour que leur parole soit entendue et ils ne comptent pas rester absents et silencieux durant ce processus. Forts de 80 membres partageant l’expérience du placement, ils ont formé un Comité de vigilance des enfants placés, qui est « né de la colère et de la détermination à faire respecter nos voix, nos expériences, et à exiger des actions concrètes pour transformer un système défaillant », ajoute Lyes Louffok qui fait partie du collectif.
- Voir l’article du Média Social sur ce Comité de vigilance, ici : Face à la commission d’enquête sur l’ASE, un « Comité de vigilance des enfants placés »
Pour celles et ceux que le sujet intéresse, le Rapport de la commission des Affaires sociales sur la proposition de résolution de la députée PS Isabelle Santiago et plusieurs de ses collègues tendant à la création d’une commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance est consultable en ligne sur le site de l’assemblée nationale.
Il faut lire l’audition sans concession de Lyes Louffok (Les oubliés de la République) et les débats qui ont été soulevés lors de la session du 4 avril à l’Assemblée nationale, qui s’est tenue à la demande de LFI-Nupes. Ils sont accessibles dans ce compte-rendu où il suffit de rechercher « Défaillances de l’Aide sociale à l’enfance » pour arriver directement au sujet.
Il y a aussi un excellent article de Médiapart, accessible aux abonnés, qui déploie avec beaucoup de pertinence les enjeux des ex enfants placés qui expliquent la nécessité de la création de ce comité pour « ne pas rater l’occasion d’une réforme radicale ».
- Voir l’article de Médiapart sur le Comité de vigilance ici : Des enfants placés refusent de « se faire bouffer » leur commission d’enquête à l’Assemblée

Pour suivre la commission d’enquête obtenue par Isabelle Santiago, le comité de vigilance compte déjà près de 80 anciens enfants placés – © DR pour Le Média Social