Takattak, un jeu pour apprendre à se défendre (avec des mots)

Qui, après des propos indélicats, une réflexion désagréable ou désobligeante, ne s’est pas senti démuni ou sans voix ? Qui ne s’est pas dit, après coup : « J’aurais dû lui répondre ceci ou cela » ? Parce que tout le monde n’est pas Cyrano et que l’esprit de répartie n’est pas inné, Geneviève Smal a créé une série de jeux de cartes (Takattak) afin de s’entraîner et de cultiver son art de la réplique. Un outil dont peuvent se saisir les familles adoptives (parents et enfants), régulièrement en butte à des remarques blessantes ou intrusives.

Répondre du « tac au tac »

Répondre du « tac au tac » quand Thomas vous traite de gros lard, Laura de P’tit intello ou qu’on ne veut pas de vous dans l’équipe de foot. 

Ras-le-bol de ne pas savoir tenir tête à la brute de ton école ? De ne pas réussir à t’affirmer quand tu as 8, 10 ou 12 ans ? Il est temps de passer à l’action ! D’oser venir en classe avec des nouvelles lunettes sans avoir peur des moqueries, d’assumer ta taille et de faire fi du « nain de jardin » que l’on te murmure dans l’oreille, de faire accepter ta couleur de peau, ta différence de culture, tes deux mères, ton bégaiement, ta nullité en math, tes difficultés en gym et tout ce qui donne envie aux autres de te prendre pour cible.

Takattak à la récré, c’est quoi ?

Takattak à la récré, c’est quoi ? 52 cartes piques, toutes plus désagréables les unes que les autres. Celles qu’on entend en classe, dans la cour de récré, entre frères et sœurs. Mais celles aussi prononcées par des parents agacés, voire des instituteurs énervés. 2 cartes « consignes », une version « Chrono », l’autre version « Dingo ». Riposter tout en gardant son sang froid, prendre du recul, respirer un bon coup avant de sauter. Et tout cela, en un minimum de temps, pour ne pas que la riposte tombe comme un cheveu dans la soupe.

Un jeu pour les enfants adoptés ?

On l’imagine bien, Takattak n’a pas été créé spécialement pour les familles adoptives ! Les enfants adoptés, comme tous les enfants, sont confrontés à des remarques, des questions, des propos blessants, intrusifs, indélicats sur leur physique, leur famille, leur timidité… En revanche, ce que le dossier du numéro d’Accueil sur le regard social et les témoignages reçus soulignent, c’est ce que l’on pourrait appeler un effet « cumul » : les enfants sont souvent différents (physiquement) de leurs parents, peuvent subir un racisme plus ou moins larvé (ou carrément frontal), certains sont porteurs de pathologie ou de handicap, ont des problèmes de comportement, suscitent compassion et pitié…

Clichés et idées reçues…

Pas besoin de réfléchir très longtemps pour voir tout l’intérêt que leurs familles auraient à utiliser un tel jeu. Pas une famille par adoption, que ce soit parents ou enfants, n’échappe aux clichés et autres idées reçues, quand il ne s’agit pas de jugements péremptoires ou d’un racisme quotidien malheureusement « banal »… La question revient souvent lors des rencontres d’EFA : Comment préparer et apprendre à nos enfants à répondre et à prendre du recul ? Comment les armer ?

Remettre les importuns à leur place, mais aussi amorcer une discussion en famille

Takattak à la récré peut constituer une bonne base pour apprendre à trouver les mots afin de remettre les importuns à leur place, mais aussi pour amorcer une discussion en famille. De nombreux enfants n’osent pas évoquer ce qu’ils subissent régulièrement ou occasionnellement, posture que l’on retrouve souvent dans les situations de harcèlement. Et rien n’empêche les familles de faire également preuve de créativité en créant de nouvelles cartes adaptées à des situations rencontrées personnellement et de décliner ensemble toutes les formes de réponses possibles. Un bon exutoire familial !