Handicap aux origines du combat : 50 ans de lois (et de combats)

À l’occasion des 50 ans de la loi sur le handicap (et on pourrait ajouter : les 20 ans de la loi de 2005), LCP diffuse « Handicap aux origines du combat », un documentaire réalisé par Lætitia Møller.

De l’entre-deux-guerres à la première politique nationale du handicap votée en juin 1975, se dévoilent des décennies de luttes, d’émancipation et d’éveil politique. Éclairé par des militants handicapés d’hier et d’aujourd’hui, ce documentaire croise l’intime et le politique. De l’entre-deux-guerres aux lois de 1975, les personnes handicapées se battent pour leur droit à exister, à être visibles, à vivre dignement. À travers des archives, « Handicap aux origines du combat » explore les racines d’un débat toujours actuel, autour de l’antivalidisme, de la vie autonome ou de la fermeture des institutions.

Handicap aux origines du combat

C’est à la société de se transformer !

Dans un entretien accordé au magazine Télérama à propos de son documentaire « Handicap aux origines du combat », diffusé sur LCP, Lætitia Møller raconte : « Le handicap a longtemps été abordé sous un angle strictement médical […] autour de la rééducation et de la normalisation des corps. Mais dans les années 1970, un tournant s’opère […] : jusque-là, on attendait des individus qu’ils s’adaptent, au prix d’efforts personnels considérables. Émerge alors l’idée que c’est à la société de se transformer pour devenir accessible à toutes et tous. On assiste à la naissance de la notion de société inclusive. Ce qui est frappant, c’est que des militants actuels, notamment antivalidistes, se reconnaissent dans ces luttes oubliées. Et c’est essentiel, car dans l’imaginaire collectif, les personnes handicapées sont encore trop souvent perçues comme passives, simplement réceptrices de politiques publiques. »

Handicap aux origines du combat : des images d’archives et des interventions éclairantes

Les intervenants réagissent aux images d’archives (édifiantes !) et donnent des éclairages qui sont autant d’éléments de réflexion sur les notions de handicap, d’inclusion, de validisme, sur le regard porté sur les personnes handicapées… avec le besoin aussi de sortir d’une image lissée et « gentillette » des personnes porteuses de handicap !

Il s’agit de :

  • Élisabeth Auerbacher, ex-membre du Comité de lutte des handicapés
  • Jérôme Bas, sociologue, spécialiste de l’histoire du handicap
  • Nicolas Houguet, écrivain et journaliste
  • Cécile Morin, docteure en histoire contemporaine et militante antivalidiste
  • Stéphane Zygart, philosophe, spécialiste des politiques de santé

Verbatim

« J’étais petit mais je sentais le scandale de cette situation, de cette dépossession de soi. Et je ne savais pas que cette dépossession de soi, ça allait être la définition de notre rapport au monde en tant que peuple handicapé. » Nicolas Houguet

« Derrière la volonté d’intégration, on veut les mettre en contact avec un idéal à atteindre : ressembler le plus possible aux valides. […] En fait, le validisme, c’est une notion qui a été inventée par les militants et les militantes handicapées et qui désigne l’oppression des personnes handicapées en fonction d’une norme validocentrée : un idéal universel à atteindre. » Cécile Morin

« L’idéal, c’est le corps valide, c’est le corps qui se tient debout, bipède, à la fois pour des raisons physiologiques, symboliques, pratiques. » Jérôme Bas

« Dans la rééducation et dans les appareillages, dans la laideur des fauteuils, dans la laideur des grosses chaussures orthopédiques, on devient des espèces de monstres. Un gamin, il voudrait de la couleur et de la légèreté, il voudrait des baskets. Je pense qu’il y a cette négation de la sensibilité de celui qui est rééduqué : on doit le conformer à un modèle.

Mon plus grand rêve n’a jamais été de marcher, ça m’a jamais effleuré. On m’a dit qu’il fallait que je marche mais, moi, profondément, je voulais créer des choses, faire des chansons, faire des films, écrire des livres. J’étais plus complexé par ma calvitie que par le fait de ne pas marcher ! » Nicolas Houguet

Le mot de la fin

On laissera le mot de la fin à Nicolas Houguet : « L’avantage qu’on a quand on est handicapé, c’est comme on ne correspond pas à la normalité, on peut inventer notre normalité. On peut inventer notre rapport à la réalité. On ne ressemble pas aux autres, mais on ne ressemble à rien d’autre qu’à soi. Ça permet d’avoir une trajectoire de vie intéressante aussi. »

À voir

  • Handicap aux origines du combat, de Lætitia Møller

À lire aussi sur ce blog

Pendant les jeux paralympiques, les personnes porteuses de handicap sont trouvées sous les feux de la rampe. Mais, au-delà de l’enthousiasme que suscite leur engagement et leurs performances – qui forcent le respect et l’admiration mais qui sont et qui restent des performances, pas vraiment représentatives du quotidien de la quasi-totalité des personnes porteuses de handicap –, les athlètes paralympiques prennent la parole, une parole qui se libère petit à petit et vient interpeler chacun et chacune de nous, porteur et porteuse de handicap ou non. Et nous incite ainsi à regarder le handicap autrement.